1.5.06

H. SALARYMAN


Début d’après-midi, jour ensoleillé. Comme souvent, l’appareil prêt et pointé, j’attends que quelque chose advienne dans le viseur. En ville, c’est d’ordinaire un passant… Image cliché du Japon jusque dans le surgissement du salaryman en complet noir, figure type de notre imaginaire. Son visage est tourné vers la gauche, presque vers l’arrière. J’aime à penser qu’il garde un œil sur le passé. Le geste contredit la progression droite et volontaire, l’humanise, comme il humanise l’horizon bouché d’une architecture solide et massive. Légèreté et suspension du mouvement, la vie s’écoule là comme ailleurs, malgré la pesanteur…
Bizarrement H. Rain qui me semble, de toutes les photos que j’ai prises dans la ville, celle qui la résume le mieux, pourrait se situer n’importe où. Hiroshima est une ville moderne qui ressemble à toutes les autres, en même temps qu’elle est trop ordonnée, trop pensée, trop dégagée, trop chargée, trop vide, trop neuve, trop démonstrative, trop énigmatique. Excessive dans sa banalité. Aucun passant, pourtant, ne peut être banal à Hiroshima.

Sophie Spandonis

1 Comments:

Blogger Troisième Epicure said...

wow, la dernière phrase, Sophie, d'anthologie ! :-)
max

20:59  

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