1.5.06

Stop

Le cadre est tracé par la vitre d’un café, deux arbres maigres aux feuillages encore légers, et, au centre, un lampadaire, qui serait notre viseur, le point au croisement duquel, quand il passe, nous dirions stop. D’ici là, nous blanchirons ce fond, effacerons l’enseigne au Verger fleuri d’une petite épicerie-caverne aux étals rouges donnant sur le trottoir, essuierons la voiture de Gaz secours venue se garer devant nous et (c’est dans ce temple, dans ce poème que nous) l’attendrons. (Il est déjà en marche, sans doute, et sera peu le jouet du hasard tant à cette heure de midi les vies se dressent et se précipitent confiantes.) Mais attention (car le voilà !), car le voilà qui passe (bientôt déjà passé) (: jeune – 23 ans – raide piquet tee-shirt bleu au motif d’un haut-parleur et des ondes de son qu’il diffuse) raide et en arrière, à rebours de la pente du trottoir, comme une écriture d’enfant étrange (étrangement) penchée à gauche.

Moris Zita